Solidarité Ukraine : 1er bilan du programme d’accueil des chercheurs et étudiants à Rennes

Fin mars 2022, les universités et grandes écoles rennaises annonçaient le financement d’un programme d’accueil des étudiant·e·s et des chercheur·euse·s réfugié·e·s d'Ukraine : un dispositif multiforme comprenant des cours intensifs de français, l’intégration d’étudiant·e·s dans les cursus universitaires et de scientifiques dans les laboratoires de recherche rennais ainsi que par un accompagnement dans leurs démarches administratives.
Etudiantes et étudiants venant d'Ukraine durant l'Université d'été du Cirefe

Répondre à l’urgence

En réponse à l’ampleur du conflit et en s’appuyant sur des dispositifs existants, les deux universités et les cinq grandes écoles publiques rennaises se sont rapidement mobilisées en faveur des étudiant·e·s et universitaires touché·e·s par le conflit.

Le Centre de mobilité internationale de Rennes (CMI Rennes) a ainsi proposé, en lien avec les directions des relations internationales des établissements, un soutien personnalisé aux étudiant·e·s, doctorant·e·s et personnels universitaires ukrainien·ne·s présents à Rennes. Une procédure commune a été pensée à l’échelle des établissements afin d’accueillir les premier·ère·s ressortissant·e·s ukrainien·ne·s qui avaient fui leur pays. Le CMI Rennes a joué un rôle de guichet d’accueil afin de centraliser les demandes et en assurer le suivi, en lien avec Campus France.

Entre mars et septembre 2022, il a également reçu plus d’une centaine de personnes, réfugié·e·s ukrainien·ne·s et ressortissant·e·s d'autres nationalités ayant fui la guerre, de la même manière qu’il accueille les étudiants, doctorants et chercheurs internationaux toute l’année à Rennes.

Nos agents ont rencontré les nouveaux arrivants afin de les aider dans leurs démarches administratives qui peuvent s’avérer complexes pour des personnes ne parlant que peu ou pas français : obtention d’une autorisation provisoire de séjour, inscription à la sécurité sociale, ouverture d’un compte en banque ou d’une ligne téléphonique, demande d’hébergement, etc.
Bertrand Lacour, directeur du CMI Rennes 

Intégrer les chercheurs en exil dans les laboratoires de recherche

En mars 2022, le programme d'aide à l'accueil des scientifiques en urgence (PAUSE) porté par le Collège de France a ouvert un fonds spécial destiné aux chercheuses et chercheurs ukrainiens en danger afin qu’ils puissent se mettre à l’abri, protéger leurs familles et poursuivre leurs travaux de recherche.

D’une durée initiale de trois mois, ce programme d’urgence a permis d’accueillir des scientifiques au sein des laboratoires de recherche rennais comme à Ecobio (CNRS / Université de Rennes 1) 

La professeure Nataliia Ryzhenko, cheffe du département de l'écologie, du contrôle et de l'audit environnementaux à l'Académie d'Etat en Ecologie, à Kiev, a intégré le laboratoire Ecobio où elle va mener des travaux, en lien avec les équipes de Géosciences, sur la façon dont les nanoplastiques et les polluants organiques et inorganiques affectent les plantes :

J'ai été très bien accueillie par l'équipe Ecobio, qui m'a fourni toutes les conditions de travail nécessaires à mon intégration. J’échange aussi régulièrement avec l’équipe Géosciences Rennes. Pour le projet PAUSE d'un an, je vais mener des travaux sur la façon dont les nanoplastiques et les polluants organiques et inorganiques affectent les plantes. J'aurai également accès à toutes les infrastructures expérimentales et analytiques disponibles à l'OSUR, structure fédérée des deux unités mixtes de recherche. Les deux équipes se sont fortement mobilisées pour mettre en place les projets PAUSE de 3 mois et 1 an. Elles ont même
investi leurs fonds propres afin de m'accueillir dans les meilleures conditions possibles.

Grace au programme PAUSE, quatre chercheurs et post-doctorants ont rejoint pour un an l'’IETR. Ronan Sauleau, son directeur, témoigne :

Thèses communes, publications coécrites, mobilités entrantes… Nous travaillons depuis plus de 25 ans avec des scientifiques de Kharkiv, notamment dans le domaine des ondes électromagnétiques. Il était donc naturel que nous mettions tout en œuvre pour les accueillir à l’IETR et leur octroyer les moyens de poursuivre leurs recherches alors qu’ils n’ont plus aucun accès à leurs matériels et à leurs infrastructures de recherche en Ukraine.

Grâce à cet accueil d’urgence au sein des universités rennaises, cinq chercheurs ont pu préparer une candidature au programme PAUSE d’un an, sur la base d’un cofinancement. Leurs dossiers ont ainsi été déposés en septembre auprès du Collège de France, avec le soutien financier des universités, de la Fondation Rennes 1 et de Rennes Métropole. 

Rennes Métropole est fière de s'associer à la démarche de solidarité des universités de Rennes qui accueillent des scientifiques ukrainiens contraints à l'exil. Depuis les débuts de l'agression militaire russe en Ukraine, les élans de générosité se sont multipliés à Rennes, depuis les dons des particuliers, entreprises et collectivités, jusqu'à l'accueil de populations déplacées, d'artistes et maintenant de chercheurs. Il était normal que Rennes Métropole soit au côté de la communauté universitaire pour accueillir ces chercheurs dans les meilleures conditions et les soutenir afin qu'ils puissent poursuivre leurs travaux en toute liberté.
Isabelle Pellerin, vice-présidente de Rennes Métropole en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche et de l'innovation

Vivre et étudier en France

Le CMI Rennes a géré les inscriptions des étudiants aux cours intensifs de français langue étrangère (FLE) auprès du Centre international rennais d'étude de français pour étrangers (CIREFE, Université Rennes 2).

39 étudiant·e·s ont ainsi suivi en partie ou en totalité le certificat universitaire « Vivre et étudier en France » proposé par le CIREFE entre fin avril et début septembre.
Entre fin avril et mi-juin, les étudiants ukrainiens arrivés au fil de l’eau ont suivi 15 heures de cours de langue par semaine pendant huit semaines. Des groupes de niveaux ont été constitués pour les débutants et ceux ayant quelques notions de français.

Entre fin juin et début septembre, ils ont été rejoints par leurs compatriotes arrivés entre temps sur le territoire et tous ont intégré les programmes d’été du CIREFE aux côtés d’autres étudiant·e·s étranger·ère·s.
Des cours d’étude de la langue et de la civilisation, de la phonétique et du renforcement à l’écrit leur ont été dispensés à raison de quatre jours par semaine, le cinquième jour étant consacré à des excursions et des sorties culturelles.

J’ai commencé les cours intensifs du CIREFE en avril dans un cours de débutant car je ne parlais pas du tout la langue. Je n’avais pas compris que le programme était réservé aux Ukrainiens : c’est à mon premier cours que je me suis rendu compte que nous venions tous du même endroit. Nous avons été mélangés ensuite avec d’autres étudiants internationaux pendant les cours d’été. Au début, c’était très dur, je ne savais pas quand je reverrais mon mari et ma famille. Je voulais rentrer en Ukraine, mais j’avais pour objectif de progresser en français. Les cours et les devoirs m’ont aidée à traverser cette période.
Olha, étudiante ukrainienne inscrite au diplôme universitaire Passerelle

Un parcours universitaire à la rentrée

Grâce au financement du regroupement UniR, le CIREFE a ouvert à la rentrée 2022 une nouvelle classe de diplôme universitaire (DU) Passerelle à destination des Ukrainiennes et Ukrainiens, en plus des 30 étudiant·e·s en exil déjà accueilli·e·s.

Ce diplôme s’inscrit dans le cadre du dispositif de solidarité auprès des étudiants réfugiés et demandeurs d’asile initié par le CIREFE en 2015. Il peut s’agir de personnes déjà insérées dans la vie active dans leur pays, ayant entamé des études supérieures ou ayant terminé le niveau secondaire. Cette formation intensive en langue, culture et méthodologie leur permet de réintégrer un cursus d’études supérieures en France.

20 étudiantes et étudiants ukrainien·ne·s ont fait leur rentrée le 12 septembre dernier au sein du DU Passerelle – 16 d’entre eux avaient suivi l’un de nos programmes au printemps ou à l’été et deux personnes plus âgées sont en reprise d’études.
Ils suivront pendant un an des cours des langue et de civilisation. Une fois plus à l’aise en français, ils pourront également choisir une option et s’investir auprès d’une association, l’engagement étudiant fait partie du programme d’insertion. L’objectif du DU Passerelle est de leur permettre de reprendre des études en français
ou de se réorienter professionnellement.

Ariane Feyler, Responsable du certificat Vivre et Étudier et du diplôme universitaire Passerelle pour Ukrainien.ne.s au CIREFE

Je ne parlais pas du tout français en arrivant en France. Grâce à ma famille d’accueil, j’ai découvert que le CIREFE proposait un programme de cours intensifs réservés aux Ukrainiens et j’ai commencé à le suivre à partir du 25 avril. Ensuite j’ai suivi les cours et l’université d’été avant de rejoindre le DU Passerelle : je suis très motivée pour apprendre le français et j’ai beaucoup progressé pendant ces derniers mois, je comprends bien la langue maintenant. J’aime étudier ici,
je me suis fait quelques amis.

Olena, étudiante ukrainienne de 19 ans inscrite au DU Passerelle

En parallèle, une quinzaine d’Ukrainien·ne·s se sont inscrit·e·s à la rentrée 2022 dans les établissements rennais, dont 11 à l'Université de Rennes 1.
Ils et elles pourront également suivre les cours de soutien linguistique (cours du soir) proposés par le CIREFE tout au long de l’année.

La Fondation Rennes 1 se mobilise en faveur des étudiants réfugiés en accompagnant, avec le soutien de ses membres, plusieurs actions :

 des aides d’urgence pour répondre aux situations les plus pressantes. Elles sont attribuées pour un mois aux étudiants arrivant d’Ukraine et ne disposant pas de ressources suffisantes dans l’attente d’une prise en charge plus durable par les services spécialisés ;
 des aides de plus longue durée (deux ans) pour les étudiants intégrés au programme de couloir universitaire piloté par le Haut Commissariat aux Réfugiés à travers des bourses de vie mais aussi avec un accompagnement personnalisé, etc. 

La fondation accompagne également l’installation de chercheurs ukrainiens contraints à l’exil.
Cet accompagnement s’effectue par le co-financement avec Rennes Métropole du programme PAUSE qui permet leur installation et le maintien de leurs activités scientifiques dans les laboratoires d’accueil à l’Université de Rennes 1 (IETR et ECOBIO).

L’Université de Rennes 1 accueille des étudiants et chercheurs réfugiés. Afin de leur venir en aide, la Fondation Rennes 1 a lancé une campagne de financement participatif. Pour faire vivre cette action de proximité et de solidarité, n'hésitez pas à la relayer au sein de vos réseaux et auprès de vos proches : https://bit.ly/programme-refugies