Les lycéennes aiment les maths, pourtant très peu en feront leur métier
Elles sont en 1ère ou en terminale scientifique. Elles aiment les mathématiques. Mais combien parmi elles en feront leur métier ? Bien peu si on en croit les statistiques nationales, et c'est tout le paradoxe.
Malgré de meilleurs résultats au bac S, les filles sont moins nombreuses que les garçons à poursuivre leurs études en classe préparatoire aux grandes écoles ou en premier cycle d’école d’ingénieurs. À l’Université de Rennes 1, les filles représentent seulement 15 % des effectifs de l’ESIR, de l’ENSSAT ou de la filière Informatique-Electronique et 32 % en mathématiques.
Voilà la tendance que voudrait inverser l'équipe qui organisait la journée d’information « Filles et mathématiques »(1), jeudi 11 décembre 2014. Environ 80 lycéennes de Bruz, Rennes, Redon et Bain-de-Bretagne sont venues découvrir à l’École normale supérieure de Rennes les études supérieures en mathématiques et leurs débouchés, à travers les témoignages de femmes chercheuses et ingénieures.
Des métiers méconnus
Rien ne vaut la discussion ni l’exemple. Zoubida Jadda est enseignante-chercheuse à l’INSA Rennes. Elle est spécialiste de cryptologie. La machine Enigma, le code Navajo, la carte à puce… Voilà du concret pour des jeunes filles en mal d’informations pour préparer sereinement leur orientation.
Pourquoi connaît-on si peu de femmes scientifiques ? Nicole Guenneuguès, chargée de mission à l'égalité filles-garçons pour l'académie de Rennes, rappelle les interdits qui ont longtemps pesé sur les femmes, les empêchant d'étudier les sciences et en particulier les mathématiques. Ce temps est révolu, mais on considère encore souvent les mathématiques comme une discipline masculine, ce qui ne favorise pas la naissance de vocation chez les jeunes filles.
Statisticienne, trader, actuaire… Énumérer la liste des métiers à forte teneur en mathématiques permet aussi d’y voir plus clair.
Combien gagne une ingénieure ? Quel est le quotidien d'une statisticienne ? Peut-on mener de front sa carrière de chercheuse et sa vie de mère ? Les lycéennes ont des questions. Les échanges et le théâtre-forum apportent des réponses.
Les débouchés nombreux et la diversité des professions possibles restent les meilleurs arguments pour convaincre les jeunes filles. « Les stéréotypes véhiculés par la société, par les familles, parfois même les enseignants, ont la vie dure, constate Nicoletta Tchou, chargée de mission parité à l’université de Rennes 1. Or les filles réussissent très bien dans les carrières scientifiques. À Rennes, elles ont la chance de disposer d’excellentes formations, pas très loin de chez elles. Qu’elles en profitent ».
[1] Organisée par les associations Femmes et mathématiques et Animath depuis 2009, l’action est reprise depuis deux ans à Rennes avec le concours des universités de Rennes 1 - Rennes 2, de l’ENSAI, de l’ENS Rennes, de l’INSA Rennes, du rectorat d’académie de Rennes, du centre Henri Lebesgue, de l’IRMAR et de la délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité.
Témoignages : Loreleï et Maëlys Terminale S, lycée Jean Brito, Bain-de-Bretagne
« Ingénieur, ça veut dire quoi ? On nous explique rarement ce que fait un ingénieur au travail tous les jours. Les garçons se posent moins de questions. Ils suivent le mouvement. Les filles se projettent plus dans l’avenir. Avant de dire que je voulais faire médecine, je me suis renseignée pour savoir si c’était compatible avec la vie de famille, les enfants… ».
- Loreleï
« Les femmes peuvent avoir une carrière scientifique. La preuve, ma mère est chimiste ! Mais toutes les filles n’y croient pas. Elles s’autocensurent. Moi, je sais. Je ferai une école d’ingénieurs ».
- Maëlys
Témoignages : Jeanne et Aurore 1ère S, lycée Beaumont, Redon
« Les mathématiques, c’est beaucoup de travail. Et ça manque un peu de concret. Je m’intéresse au graphisme, à l’architecture… Dans ces métiers, il y aura forcément un peu de maths. Mais je pense – j’espère ! - que ce sera moins abstrait ».
- Jeanne
« Je suis en S parce que c’est la filière qui ouvre le plus de portes. On nous le dit dans les salons d’orientation et les forums métiers. Après le bac, c’est plus flou… Je n’ai pas de formation ni de métier en tête. Je sais juste qu’il y a beaucoup de débouchés avec les maths. Ca tombe bien parce que ça me plaît pour l’instant ».
- Aurore