La force du lien enfant-animal
C’est depuis le 19e siècle que l’animal domestique est devenu animal de compagnie. Cette relation a prouvé son influence positive sur le bien-être des humains et notamment, de façon plus étendue, sur celui des enfants. Les bienfaits de cette interaction varient selon divers facteurs tels que la durée et la qualité de la relation avec l’animal, et vont de l’amélioration du système immunitaire à la réduction du stress ou de l’obésité. En plus d’une meilleure santé, 65% des parents témoignent du réconfort, de la distraction et de la réduction du stress qu’offre l’animal à leur enfant. Ces derniers gagneraient également en autonomie et en responsabilité en prenant soin de l’animal.
Troubles du spectre autistique (TSA) et relation singulière avec l’animal
Les enfants atteints de TSA présentent des troubles neurodéveloppementaux plus ou moins prononcés, caractérisés par des difficultés à communiquer, à interagir avec leur entourage et à développer leurs compétences verbales et motrices. Malgré des difficultés de communications avec les êtres humains, ces derniers manifestent un attrait spontané pour l’animal dont les expressions faciales, notamment à travers le regard, semblent leur être plus faciles à intégrer. Cette relation singulière va apporter aux enfants atteints de ce trouble, des bienfaits supplémentaires à ceux précédemment cités.
Dans un premier temps, il est noté une nette amélioration de leurs capacités sociales, langagières et de partage. Les chercheurs ont également observé une diminution des symptômes dépressifs et une plus grande confiance en soi chez ces enfants. Les comportements problématiques (crises, fugues) se trouvent diminués en présence d’un compagnon et améliorent également le sommeil et la santé de ces jeunes. Au-delà de la relation spécifique du binôme enfant-animal, les échanges extérieurs semblent augmenter grâce à une réduction du jugement ainsi qu’à une promotion des attitudes bienveillantes des autres envers ce duo. La bienveillance implique en somme pour ces enfants un meilleur rapport à soi et au monde.
L’enjeu du choix d’intégrer, ou non, un animal de compagnie ou d’assistance
Spécialement éduqué pour répondre aux besoins des jeunes avec TSA et leurs familles, les chiens d'assistance dits d'éveil se sont révélés apporter de nombreux bénéfices. Les recherches ont montré que les bienfaits de l’animal, qu’il soit de compagnie ou d’assistance, s’élargissaient à l’échelle du foyer et qu’il contribuait à la bonne dynamique de la sphère familiale. L’animal joue le rôle de catalyseur social et entraîne une plus grande cohésion entre les individus. Les parents ayant des enfants avec TSA déclarent se sentir davantage en sécurité et moins stressés. Les comportements problématiques étant réduits, les membres de la famille peuvent ainsi profiter d’une meilleure qualité de vie grâce par exemple à une multiplication des promenades et des sorties.
Il ne faut cependant pas négliger le coût et la charge que peut imposer l’adoption d’un animal de compagnie ou d’assistance. Ce dernier peut se présenter comme une difficulté supplémentaire s’il n’est pas correctement intégré à son arrivée. Il est nécessaire de rester attentif à l’évolution de la relation animal-enfant puisqu’elle serait garante de ces bienfaits. Au préalable, il est préférable de s’assurer que l’enfant soit bien prêt et attiré par cette éventuelle interaction avec l’animal. Les caractéristiques comme l’espèce de l’animal ou la sévérité des TSA sont à prendre en compte pour appréhender l’adéquation des deux profils.
L’intégration d’un animal doit découler d’un long processus de réflexion. Dans le cas d’un chien d’assistance, ce processus est accompagné par les organismes remetteurs, tels que l’association Handi’Chiens (France) ou la Fondation Mira (Québec). Cependant, cette intégration présente de façon indiscutable de nombreux bienfaits pour l’enfant et sa famille. L’amélioration du développement social ou encore émotionnel de l’enfant a été largement prouvée et se trouve renforcée par la bienveillance observée chez les personnes extérieures à la famille.
Référence et collaborations
L’animal de compagnie dans la vie des enfants au développement typique et atypique et de leur famille
Nicolas Dollion, Marine Grandgeorge
La revue internationale de l'éducation familiale, 2022/1-2 (n° 50), p.157-184 - doi : 10.3917/rief.050.0157.
Collaboration entre le laboratoire d’Ethologie animale et humaine (EthoS, CNRS/Université de Rennes/Université de Caen Basse-Normandie) et le laboratoire Cognition, Santé, société (C2S, Université de Reims Champagne-Ardenne).
En partenariat avec la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, l’association Handi’chiens et la Fondation Mira, ainsi que l’ensemble des familles et leurs animaux ayant participé à l’ensemble de ces recherches.